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Musee des Arts decoratifs et du Design de Bordeaux

musée des Arts décoratifs

et du Design de Bordeaux

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39 rue Bouffard,

33000 Bordeaux

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Le musée est fermé mais l'activité continue. Suivez l'équipe du musée pendant les travaux.

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Prendre tournure

Table à entretoise, Bordeaux (?), vers 1700, châtaigner, résineux, loupe d'orme, ronce de noyer, houx, espénille, palissandre, amarante, bois de violette, bois fruitier teinté<br/> &copy;  madd-bordeaux - L. Gauthier
Table à entretoise, Bordeaux (?), vers 1700, châtaigner, résineux, loupe d'orme, ronce de noyer, houx, espénille, palissandre, amarante, bois de violette, bois fruitier teinté
© madd-bordeaux - L. Gauthier

 

Un tourneur – sur bois, sur ivoire, sur métaux… – est un artisan qui travaille sur une machine servant à façonner des pièces en les faisant tourner sur leur axe. Si tout le monde connaît le tour du potier, les arts décoratifs doivent également beaucoup au tour à bois. Ce dernier permit de réaliser des objets quotidiens – des gobelets par exemple – et des parties structurelles du mobilier. Cette spécialité prit une importance toute particulière à partir du règne de Louis XIII avec la multiplication d’éléments en bois tourné en chapelet, en balustre, ou en spirale dans la fabrication des meubles. Par la suite, chaque style de mobilier s’est distingué grâce à la finition particulière de ses pièces en bois tourné.



Ainsi, la table choisie comme illustration de cet article présente un piètement en bois tourné typique du règne de Louis XIV. Néanmoins, la nature du bois utilisé (du bois des îles : palissandre provenant du commerce avec les Antilles) indique que nous sommes plutôt à la fin du règne. Cette table est donc datée des années 1700. Pour réaliser chaque pied, le tourneur sur bois est parti d’un parallélépipède rectangle qu’il a fixé sur son tour afin d’obtenir ces formes douces et arrondies.



Dès 1472, la « tournure » désigna l’action de « donner forme », puis elle finit par qualifier la forme elle-même au XVIe siècle. En fonction de la maîtrise de l’artisan, l’élément pouvait prendre une bonne ou une mauvaise tournure, ce qui permettait de présager du résultat final. Au XVIIe siècle – celui des Femmes savantes et des Précieuses ridicules – le mot tournure s’appliqua à des domaines plus abstraits : tournure d’une phrase, d’un bon mot, tournure d’esprit. Le diplomate et homme de lettres français François de Callières s’en étonnait, d’ailleurs, dans son ouvrage recensant les « mots à la mode » en 1692 : « par exemple je voudrois bien, avec la permission de Monsieur le Comte, luy demander ce que veut dire cette façon de parler dont il s’est servi tantôt lorsqu’il nous a dit que les jeunes gens de la Cour donnent à tout ce qu’ils disent des ‘tournures admirables’. Des ‘tournures admirables’, répondit le jeune Comte, cela veut dire qu’ils ont l’esprit d’une bonne tournure, qu’ils tournent bien ce qu’ils disent 1 ». Enfin, au XVIIIe siècle, le dictionnaire de l’Académie française étendit le sens à une situation dont il est possible de percevoir l’issue heureuse ou malheureuse à l’aune de la forme qu’elle est en train de prendre.



1 François de Callières, Des mots à la mode. Du bon et du mauvais usage dans les manières de s'exprimer, Genève, Editeur Slatkine, 1692-1693, p. 60, consultable en ligne sur le base Gallica de la BnF : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7666c/f76.item