Cousu de fil blanc
Une intrigue, un mensonge, une supercherie peuvent paraître cousus de fil blanc. Cela signifie qu’ils sont grossiers, prévisibles. Il est facile d’en déceler tous les rouages, toutes les ficelles pour rester dans le même champ lexical.
L’expression provient de l’action de la couturière ou du tailleur qui faufile des pièces de tissu entre elles avant de procéder à la couture définitive. Ce verbe, « faufiler », apparaît dans les dictionnaires à l’aube du XVIIIe siècle. Aujourd’hui on emploie plus volontiers son synonyme, « bâtir ». Dans les deux cas, il s’agit de « coudre provisoirement à grands points les parties d’un ouvrage pour les maintenir en place avant la couture définitive1 ». Afin de bien distinguer ce faufil de la couture finale, on utilise de préférence un fil blanc épais, qui se démarque du fond coloré ou teinté des étoffes.
L’usage de cette expression s’intensifie dans le langage populaire sous la Révolution française. Cette récurrence a été soulignée par l’historien Michel Biard qui en relève de très nombreuses occurrences dans les pages du Père Duchesne, célèbre journal de Jacques René Hébert, paru de 1790 à 1794, qui se fit l’écho de l’argot des sans-culottes parisiens2 . Il faut dire que la période était propice au complot ou, plus précisément, à la crainte du complot. On voyait, alors, des intrigues cousues de fil blanc partout !
1 Consulter l’article « faufiler » sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales https://www.cnrtl.fr/lexicographie/faufiler
2 Michel Biard, Parlez-vous sans-culotte ? Dictionnaire du père Duchesne (1790-1794), Paris, Editions Seuil, 2011, collection Points Histoire.