Les collections des XVIIe et XVIIIe siècles
Installé dans l’hôtel particulier construit en 1775-1779 pour le conseiller au Parlement Pierre de Raymond de Lalande, le musée des Arts décoratifs et du Design a pour ambition d’évoquer l’atmosphère d’une maison bordelaise du siècle des Lumières. Il présente ainsi des productions locales de grande qualité : mobilier de port, faïences de Jacques Hustin ou porcelaines de la manufacture des Terres de Bordes, riches verseuses d’orfèvrerie aux poinçons de Jean-François Jouet, Gabriel Tillet, Guillaume David et de bien d’autres orfèvres, toiles de Beautiran, miniatures peintes par Pierre-Edouard Dagoty et ferronnerie bordelaise ornent la demeure.
Toutefois, les collections du madd-bordeaux ne se limitent pas aux seules œuvres bordelaises. Elles comptent également un ensemble de meubles parisiens particulièrement riche, parmi lesquels une table-liseuse attribuée à Pierre IV Migeon, un buffet estampillé Jean-Ferdinand Schwerdfeger, ou encore des sièges et un lit de Louis-Magdelaine Pluvinet, et quelques chefs-d’œuvre de la sculpture, comme le remarquable biscuit de Sèvres représentant le jeune duc de Bordeaux grandeur nature, ou encore un portrait posthume en buste de Montesquieu, superbe représentation au naturel signée par Jean-Baptiste Lemoyne. Elles offrent aussi un large panorama des productions céramiques françaises et étrangères (de Rouen à Marseille, de Toulouse à Strasbourg, en passant par Delft et la Compagnie des Indes), ainsi que de la verrerie d’apparat européenne. Le musée conserve par ailleurs de nombreux objets rappelant les plaisirs et les loisirs à la mode au XVIIIe siècle : une belle collection d’instruments de musique (une viole austro-vénitienne à décor mythologique, une harpe parisienne à décor chinoisant, une épinette marseillaise à décor révolutionnaire et deux piano-forte bordelais, ainsi qu’un piano carré, signé Pleyel et daté de 1816), un ensemble d’instruments scientifiques (pendules, baromètres, boussoles, etc.), ainsi que de nombreux accessoires de toilette (éventails, bijoux, boucles de souliers, châtelaines, flacons à sels, nécessaires de couture ou d’écriture, etc.). Cette atmosphère domestique ne saurait être complète sans tableaux et arts graphiques pour égayer les murs, parmi lesquels deux portraits au pastel de Jean-Baptiste Perronneau et plusieurs portraits de négociants bordelais peints par Adolf-Ulrik Wertmüller.
Certaines œuvres permettent enfin d’évoquer les importants travaux d’urbanisme que connaît Bordeaux au XVIIIesiècle. La réduction de la statue équestre de Louis XV fondue par Jean-Baptiste Lemoyne pour la place de la Bourse (1766) ou encore les sept réductions en plâtre des statues mythologiques réalisées par Pierre-François Berruer pour le Grand-Théâtre de Bordeaux (1780) témoignent ainsi de deux chantiers majeurs conduits dans la capitale guyennaise au siècle des Lumières.