L'hôtel de Lalande
L'hôtel de Lalande fut édifié à la fin de l'Ancien régime pour une riche famille de parlementaires bordelais. Sobre et imposant, cet hôtel particulier construit entre cour et jardin compte parmi les plus belles demeures aristocratiques du XVIIIe siècle bordelais. Reflet du pouvoir de l’élite urbaine, il est également un témoin remarquable du Bordeaux patrimoine mondial de l'Unesco.
En 1775, Pierre de Raymond de Lalande (1727-1787), conseiller au parlement de Bordeaux, achète un grand emplacement près du palais Rohan, paroisse Saint-Christoly, pour lequel il demande l’autorisation de faire bâtir son hôtel particulier en 1778. Paul Pallandre, dans sa Description historique de Bordeaux (1785), en attribue la construction à « M. Etienne Laclotte, célèbre architecte qui a produit des chefs-d’œuvre à Bordeaux ». L’hôtel particulier y est dépeint comme étant « de la plus grande noblesse, son entrée belle, sa cour, l’édifice, l’escalier, sa distribution et son jardin, tout est ingénieux ».
En 1752, Pierre de Raymond de Lalande avait épousé Jeanne de Lalande-Gayon (1734-1817), dame d’Urtubie, propriétaire de biens importants à Saint-Domingue. A la mort de son mari, en 1787, moins de dix ans après leur emménagement dans l’hôtel particulier, celle-ci renonce à ses droits de succession en faveur de leur fils aîné, Jean de Raymond de Lalande. Ce dernier, arrêté au cours de la Révolution en raison de ses qualités de noble et d'ancien avocat au parlement de Bordeaux, est guillotiné place Nationale (actuelle place Gambetta) le 10 juillet 1794. Sa sœur Pétronille subit le même sort.
Mise en vente dès 1828, la propriété des héritiers Lalande change plusieurs fois de mains au cours du 19e siècle. L'hôtel est tout d'abord acheté par une riche créole de la Martinique, Madame Marthe Gabrielle Budan Asselin, puis en 1839 par le négociant, Jean-Baptiste Duffour Debarte, qui lègue ce bien à son fils, Lodi Martin Duffour Dubergier, maire de Bordeaux de 1842 à 1848. Curieusement, ces différents propriétaires ne s'installent jamais dans la belle demeure et la louent au gouverneur de la 11e division militaire.
A la mort de Duffour Dubergier en 1860, c'est le négociant Antoine Dalléas qui en devient propriétaire. Puis la Ville de Bordeaux acquiert l'hôtel de Lalande pour y placer les services de la police et des mœurs en 1880.